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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

maintenant que ses lumières étaient devenues inutiles ?

La réponse est très simple : Oui, nous avions gardé le « gentleman ». Habitués à lui, à sa grosse face rouge si florissante, qui témoignait de l’excellent régime du yacht, sûrement il nous eut manqué. Faut-il dire aussi que, pour rester à bord, il avait proposé de nous ramener à Deal au rabais ! oui, au rabais : huit livres seulement !

À première vue, c’est invraisemblable ; mais, en y réfléchissant, on reconnaît un système financier profond, bien conçu, qui lui offrait une foule d’avantages :

1o Thomas Pearkop évitait ainsi la dépense, restée à sa charge, du paquebot de Tonning à Hambourg, et de Hambourg à la côte anglaise, point très important ; 2o il profitait de son séjour à bord du Saint-Michel pour apprendre le français. Mon Dieu, oui, et son moyen était même fort ingénieux. Il s’était lié intimement avec notre cuisinier, auquel il rendait de nombreux services : il pelait les carottes, lavait la salade, attendrissait les beefsteaks en les frappant, — ni trop, ni trop peu, — d’un bras qui aurait pu les pulvériser. De plus, accompagnant le chef au marché, il lui faisait toujours acheter les choses qu’il préférait, lui Pearkop, — du poisson