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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

extrêmement difficile. Une fois ce port dépassé, il faudra continuer quand même. La brise augmentait peu à peu, et il était à craindre qu’elle ne fraîchît beaucoup au lever du soleil. Dans ces parages peu profonds, — quinze à vingt brasses d’eau au plus, — la mer se lève facilement, elle devient courte, dure, et peut gêner un bâtiment aussi ras sur l’eau que le Saint-Michel’.

Nous pensions donc sérieusement à relâcher au Texel. Cependant, d’une part les répugnances de Thomas Pearkop, qui ne se souciait pas d’y entrer de nuit, de l’autre la hausse du baromètre nous décidèrent à continuer notre route. Au lever du soleil, ainsi que cela avait été prévu, la brise s’accrut sensiblement ; mais en même temps, elle hala le nord, ce qui valait mieux. Avec le vent du travers, le Saint-Michel, appuyé par sa grande voile, sa misaine, sa trinquette et son foc, atteignit bientôt une vitesse de dix nœuds. Le temps s’embellit encore dans la soirée, et vers neuf heures nous arrivions à l’entrée du golfe de Jade. Là, nous prîmes un pilote de Brème, dont la petite goélette battait la mer à l’entrée du golfe, et qui s’engagea à nous conduire à Wilhelmshaven, où notre yacht arriva vers minuit.

Ce port, exclusivement militaire, situe sur le côté ouest du golfe, est fermé par des portes sans écluse,