Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

241
DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

Pearkop, — à qui l’abandon du voyage de Hambourg pouvait faire perdre quelques livres, — le Saint-Michel part pour Anvers, à neuf heures du matin, bien que nous fussions décidés, si le temps s’améliorait, à reprendre notre premier projet.

Il faut douze heures à travers ce curieux pays pour arriver à la rive droite de l’Escaut. C’est une navigation qui se fait entre les grandes îles de la Zélande, Voorne, Goeree, Schouwen, Walcheren, ici dans un chenal étroit, là sur de véritables lacs qui semblent ne point offrir d’issue, et cela au milieu des gribannes, des gabares, des sloops, des goélettes, des steamers, dont ces eaux, tranquilles comme les vastes prairies qui les bordent, sont incessamment sillonnées.

La nuit se passa tranquillement à Ziericksee, à l’extrémité du second canal, et le lendemain, 12 juin, Thomas Pearkop vint nous réveiller, en annonçant un changement de temps. Comme le brave pilote avait donné cette bonne nouvelle cinq ou six fois déjà, nous étions devenus quelque peu incrédules à propos de ses pronostics. Mais, une fois sur le pont, il fallut se rendre à l’évidence : le baromètre avait remonté et le vent s’était calmé pendant la nuit. Nous renonçons alors à aller à Anvers, nous prenons une vue sommaire de l’Escaut, qui, en