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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

à travers les vitres d’un wagon, ce n’a été qu’une simple échappée sur ses pâturages si verts, sur ses canaux tracés au tire-ligne, sur ses arrière-plans de moulins qui égayent l’horizon ; mais cela suffisait à justifier la boutade du poète Cavalier Butler :

« La Hollande tire cinquante pieds d’eau, la terre qui la compose est à l’ancre, on y est à bord. »

Cependant le temps pressait. Nous étions déjà au 11 juin. Impossible de différer de partir sans compromettre notre campagne. Il fallut se décider, bien que le vent fût toujours mauvais et que les pittoresques moulins de Rotterdam tournassent à briser leurs immenses ailes, étendues à cent pieds dans les airs.

Voici donc ce qui fut résolu : Aller à Anvers.

Or il est possible, sans prendre la mer, de se rendre à Anvers par les canaux qui unissent la Meuse à l’Escaut. On suit tantôt la rivière, tantôt un canal qui domine les larges prairies de deux mètres environ, et dans lequel on pénètre par des écluses supérieurement entretenues. Cette navigation, toute nouvelle pour nous, offrait un véritable intérêt, et c’est à ce parti que l’on convint de s’arrêter.

Après un dernier coup d’œil donné au baromètre, toujours immobile à 750 millimètres, et malgré les promesses de beau temps que prodiguait Thomas