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LA JANGADA

la ville, il remontait la principale rue de Manao, et tombait, à demi mort, sur le seuil de la maison du magistrat.

La porte était fermée. Fragoso eut encore la force de frapper à cette porte.

Un des serviteurs du magistrat vint ouvrir. Son maître ne voulait recevoir personne.

Malgré cette défense, Fragoso repoussa l’homme qui lui défendait l’entrée de la maison, et d’un bond il s’élança jusqu’au cabinet du juge.

« Je reviens de la province où Torrès a fait son métier de capitaine des bois ! s’écria-t-il. Monsieur le juge, Torrès a dit vrai !… Suspendez… suspendez l’exécution !

— Vous avez retrouvé cette milice ?

— Oui !

— Et vous me rapportez le chiffre du document ?… »

Fragoso ne répondit pas.

« Alors, laissez-moi ! laissez-moi ! » s’écria le juge Jarriquez, qui, en proie à un véritable accès de rage, saisit le document pour l’anéantir.

Fragoso lui prit les mains et l’arrêta.

« La vérité est là ! dit-il.

— Je le sais, répondit le juge Jarriquez ; mais qu’est-ce qu’une vérité qui ne peut se faire jour !