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LA DERNIÈRE NUIT.

Benito était tombé aux genoux de son père ! il lui tendait les mains… Il le suppliait…

« Mais cet ordre, mon père, répétait-il, cet ordre peut arriver aujourd’hui… à l’instant… et il contiendra la sentence de mort !

— L’ordre serait arrivé, que ma détermination ne changerait pas ! Non, mon fils ! Joam Dacosta coupable pourrait fuir ! Joam Dacosta innocent ne fuira pas ! »

La scène qui suivit ces paroles fut déchirante. Benito luttait contre son père. Manoel, éperdu, se tenait près de la fenêtre, prêt à enlever le prisonnier, lorsque la porte de la cellule s’ouvrit.

Sur le seuil apparut le chef de police, accompagné du gardien-chef de la prison et de quelques soldats.

Le chef de police comprit qu’une tentative d’évasion venait d’être faite, mais il comprit aussi, à l’attitude du prisonnier que c’était lui qui n’avait pas voulu fuir ! Il ne dit rien. La plus profonde pitié se peignit sur sa figure. Sans doute, lui aussi, comme le juge Jarriquez, il aurait voulu que Joam Dacosta se fût échappé de cette prison ?

Il était trop tard !

Le chef de police, qui tenait un papier à la main, s’avança vers le prisonnier.