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DISPOSITIONS PRISES.

praticables. Un seul offrait quelque chance de salut.

C’était celui-ci : au sortir de la prison, s’embarquer dans la pirogue, suivre le canal jusqu’au rio Negro, descendre cet affluent sous la conduite du pilote, atteindre le confluent des deux cours d’eau, puis se laisser aller au courant de l’Amazone en longeant sa rive droite, pendant une soixantaine de milles, naviguant la nuit, faisant halte le jour, et gagner ainsi l’embouchure de la Madeira.

Ce tributaire, qui descend du versant de la Cordillère, grossi d’une centaine de sous-affluents, est une véritable voie fluviale ouverte jusqu’au cœur même de la Bolivie. Une pirogue pouvait donc s’y aventurer, sans laisser aucune trace de son passage, et se réfugier en quelque localité, bourgade ou hameau, situé au delà de la frontière brésilienne.

Là, Joam Dacosta serait relativement en sûreté ; là, il pourrait, pendant plusieurs mois, s’il le fallait, attendre une occasion de rallier le littoral du Pacifique et de prendre passage sur un navire en partance dans l’un des ports de la côte. Que ce navire le conduisît dans un des États de l’Amérique du Nord, il était sauvé. Il verrait ensuite s’il lui conviendrait de réaliser toute sa fortune, de s’expatrier définitivement et d’aller chercher au delà des mers, dans l’ancien monde, une dernière retraite pour