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LA JANGADA

Cependant, entre son mari près duquel elle passait toutes les heures qui lui étaient accordées, et son fils en proie à un désespoir qui faisait trembler pour sa raison, la courageuse Yaquita ne perdait rien de son énergie morale.

On retrouvait en elle la vaillante fille de Magalhaës, la digne compagne du fazender d’Iquitos.

L’attitude de Joam Dacosta, d’ailleurs, était faite pour la soutenir dans cette épreuve. Cet homme de cœur, ce puritain rigide, cet austère travailleur, dont toute la vie n’avait été qu’une lutte, en était encore à montrer un instant de faiblesse.

Le coup le plus terrible qui l’eût frappé sans l’abattre avait été la mort du juge Ribeiro, dans l’esprit duquel son innocence ne laissait pas un doute. N’était-ce pas avec l’aide de son ancien défenseur qu’il avait eu l’espoir de lutter pour sa réhabilitation ? L’intervention de Torrès dans toute cette affaire, il ne la regardait que comme secondaire pour lui. Et d’ailleurs ce document, il n’en connaissait pas l’existence, lorsqu’il s’était décidé à quitter Iquitos pour venir se remettre à la justice de son pays. Il n’apportait pour tout bagage que des preuves morales. Qu’une preuve matérielle se fût inopinément produite au cours de l’affaire, avant ou après, son arrestation, il n’était certainement pas homme