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LA JANGADA

viner quelle déduction il devait tirer de cet assemblage.

— Cela prouve tout simplement, jeune homme, que le document repose sur la loi d’un nombre ! Cela démontre a priori que chaque lettre est modifiée en vertu des chiffres de ce nombre et suivant la place qu’ils occupent !

— Et pourquoi donc ?

— Parce que dans aucune langue il n’y a de mots qui comportent le triplement de la même lettre ! »

Manoel fut frappé de l’argument ; il y réfléchit et, en somme, n’y trouva rien à répondre.

« Et si j’avais fait plus tôt cette observation, reprit le magistrat, je me serais épargné bien du mal, et un commencement de migraine qui me tient depuis le sinciput jusqu’à l’occiput !

— Mais enfin, monsieur, demanda Manoel, qui sentait lui échapper le peu d’espoir auquel il avait tenté de se rattacher encore, qu’entendez-vous par un chiffre ?

— Disons un nombre !

— Un nombre, si vous le voulez.

— Le voici, et un exemple vous le fera comprendre mieux que toute explication ! »

Le juge Jarriquez s’assit à la table, prit une feuille de papier, un crayon, et dit :