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CE QUI EST DANS L’ÉTUI.

« Cette cicatrice ! s’écria Fragoso. Mais… c’est bien cela !… Je me rappelle maintenant…

— Quoi ? demanda Manoel.

— Une querelle !… oui ! une querelle dont j’ai été témoin dans la province de la Madeira… il y a trois ans ! Comment ai-je pu l’oublier !… Ce Torrès appartenait alors à la milice des capitaines des bois ! Ah ! je savais bien que je l’avais déjà vu, ce misérable !

— Que nous importe à présent ! s’écria Benito. L’étui ! l’étui !… L’a-t-il encore ? »

Et Benito allait déchirer les derniers vêtements du cadavre pour les fouiller…

Manoel l’arrêta.

« Un instant, Benito, » dit-il.

Puis, se retournant vers les hommes du radeau qui n’appartenaient pas au personnel de la jangada, et dont le témoignage ne pourrait être suspecté plus tard :

« Prenez acte, mes amis, leur dit-il, de tout ce que nous faisons ici, afin que vous puissiez redire devant les magistrats comment les choses se sont passées. »

Les hommes s’approchèrent de la pirogue.

Fragoso déroula alors la ceinture qui étreignait le corps de Torrès sous le poncho déchiré, et tâtant la poche de la vareuse :

« L’étui ! » s’écria-t-il.