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UN COUP DE CANON.

se paralysaient peu à peu sous les influences électriques du gymnote, qui se frottait lentement sur son corps et l’enlaçait de ses replis. Ses bras mêmes ne pouvaient plus se soulever. Bientôt son bâton lui échappa, et sa main n’eut pas la force de saisir le cordon du timbre pour donner le signal.

Benito se sentit perdu. Ni Manoel ni ses compagnons ne pouvaient imaginer quel horrible combat se livrait au-dessous d’eux entre un redoutable puraqué et le malheureux plongeur, qui ne se débattait plus qu’à peine, sans pouvoir se défendre.

Et cela, au moment où un corps — le corps de Torrès sans doute ! — venait de lui apparaître !

Par un suprême instinct de conservation, Benito voulait appeler !… Sa voix expirait dans cette boite métallique, qui ne pouvait laisser échapper aucun son !

En ce moment, le puraquè redoubla ses attaques ; il lançait des décharges qui faisaient tressauter Benito sur le sable comme les tronçons d’un ver coupé, et dont les muscles se tordaient sous le fouet de l’animal.

Benito sentit la pensée l’abandonner tout à fait. Ses yeux s’obscurcirent peu à peu, ses membres se raidirent !…

Mais, avant d’avoir perdu la puissance de voir,