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LA JANGADA.

et, le dîner achevé, tous sortirent pour aller respirer l’air du soir. Le soleil s’abaissait sur l’horizon, mais une heure devait s’écouler encore, avant que la nuit ne fût faite.

« Ces histoires-là ne sont pas gaies, dit Fragoso, et notre dîner de fiançailles avait mieux commencé !

— Mais c’est votre faute, monsieur Fragoso, répondit Lina.

— Comment, ma faute ?

— Oui ! c’est vous qui avez continué à parler de ce district et de ces diamants, dont nous n’avons que faire !

— C’est ma foi vrai ! répondit Fragoso, mais je ne pensais pas que cela finirait de cette façon !

— Vous êtes donc le premier coupable !

— Et le premier puni, mademoiselle Lina, puisque je ne vous ai pas entendue rire au dessert ! »

Toute la famille se dirigeait alors vers l’avant de la jangada. Manoel et Benito marchaient l’un près de l’autre, sans se parler. Yaquita et sa fille les suivaient, silencieuses aussi, et tous ressentaient une inexplicable impression de tristesse, comme s’ils eussent pressenti quelque grave éventualité.

Torrès se tenait auprès de Joam Garral, qui, la tête inclinée, semblait profondément abîmé dans