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HISTOIRE ANCIENNE.

par le vol. Et tenez, vers 1826, — j’avais huit ans alors, — il se passa à Tijuco même un drame terrible, qui montre que les criminels ne reculent devant rien quand ils veulent gagner toute une fortune par un coup d’audace ! Mais cela ne vous intéresse pas sans doute…

— Au contraire, Torrès, continuez, répondit Joam Garral d’une voix singulièrement calme.

— Soit, reprit Torrès. Il s’agissait, cette fois, de voler des diamants, et une poignée de ces jolis cailloux-là dans la main, c’est un million, quelquefois deux ! »

Et Torrès, dont la figure exprimait les plus vils sentiments de cupidité, fit, presque inconsciemment, le geste d’ouvrir et de fermer la main.

« Voici comment cela se passa, reprit-il. À Tijuco, l’habitude est d’expédier en une seule fois les diamants recueillis dans l’année. On les divise en deux lots, suivant leur grosseur, après les avoir séparés au moyen de douze tamis percés de trous différents. Ces lots sont enfermés dans des sacs et envoyés à Rio-de-Janeiro. Mais, comme ils ont une valeur de plusieurs millions, vous pensez qu’ils sont bien accompagnés. Un employé, choisi par l’intendant, quatre soldats à cheval du régiment de la province et dix hommes à pied forment le convoi. Ils se ren-