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LA JANGADA.

promenade à travers ces rues échauffées, qui ne valaient pas les sentiers ombreux d’Iquitos. Il n’était pas jusqu’à la curieuse Lina elle-même, dont l’enthousiasme n’eût quelque peu baissé.

Chacun reprit sa place dans la pirogue. Le vent s’était maintenu au nord-ouest et fraîchissait avec le soir. La voile fut hissée. On refit la route du matin sur ce lac alimenté par le rio Teffé aux eaux noires, qui, suivant les Indiens, serait navigable vers le sud-ouest pendant quarante jours de marche. À huit heures du soir, la pirogue avait rallié le lieu du mouillage et accostait la jangada.

Dès que Lina put prendre Fragoso à l’écart :

« Avez-vous vu quelque chose de suspect, monsieur Fragoso ? lui demanda-t-elle.

— Rien, mademoiselle Lina, répondit Fragoso. Torrès n’a guère quitté sa cabine où il a lu et écrit.

— Il n’est pas entré dans la maison, dans la salle à manger, comme je le craignais ?

— Non, tout le temps qu’il a été hors de sa cabine, il s’est promené sur l’avant de la jangada.

— Et que faisait-il ?

— Il tenait à la main un vieux papier qu’il semblait consulter avec attention, et marmottait je ne sais quels mots incompréhensibles !

— Tout cela n’est peut-être pas aussi indifférent