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FRAGOSO À L’OUVRAGE.

offrit au contraire au commandant et à sa femme de venir partager le sien à bord de la jangada.

Le commandant ne se le fit pas dire deux fois, et rendez-vous fut pris pour onze heures.

En attendant, Yaquita, sa fille et la jeune mulâtresse, accompagnées de Manoel, allèrent se promener aux environs du poste, laissant Benito se mettre en règle avec le commandant pour l’acquittement des droits de passage, car ce sergent était à la fois chef de la douane et chef militaire.

Puis, cela fait, Benito, lui, suivant son habitude, devait aller chasser dans les futaies voisines. Cette fois, Manoel s’était refusé à le suivre.

Cependant, Fragoso, de son côté, avait quitté la jangada ; mais, au lieu de monter au poste, il se dirigea vers le village, en prenant à travers le ravin qui s’ouvrait sur la droite, au niveau de la berge. Il comptait plus, avec raison, sur la clientèle indigène de Tabatinga que sur celle de la garnison. Sans doute, les femmes des soldats n’auraient pas mieux demandé que de se remettre en ses habiles mains ; mais les maris ne se souciaient guère de dépenser quelques reis pour satisfaire les fantaisies de leurs coquettes moitiés.

Chez les indigènes, il en devait être tout autre-