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DE PEVAS À LA FRONTIÈRE.

Manoel, et je serais très embarrassé pour vous donner une meilleure explication ! »

Ce que disait Manoel des moustiques de Loreto n’était que trop vrai. Il s’ensuit donc que, ses achats terminés, lorsque Benito revint à bord, il avait la figure et les mains tatouées d’un millier de points rouges, sans parler des chiques, qui, malgré le cuir des chaussures, s’étaient introduites sous ses orteils.

« Partons, partons à l’instant même ! s’écria Benito ou ces maudites légions d’insectes vont nous envahir, et la jangada deviendra absolument inhabitable !

— Et nous les importerions au Para, répondit Manoel, qui en a déjà trop pour sa propre consommation. »

Donc, pour ne pas passer la nuit sur ces rives, la jangada, détachée des berges, reprit le fil du courant.

À partir de Loreto, l’Amazone s’inclinait un peu vers le sud-est, entre les îles Arava, Cuyari, Urucutea. La jangada glissait alors sur les eaux noires du Cajaru, mêlées aux eaux blanches de l’Amazone. Après avoir dépassé cet affluent de la rive gauche, pendant la soirée du 23 juin, elle dérivait paisiblement le long de la grande île de Jahuma.

Le coucher du soleil sur un horizon pur de toutes