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LA JANGADA.

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huit heures qui précédèrent le maximum, les eaux se gonflèrent suffisamment pour couvrir la grève de la fazenda, mais pas encore assez pour soulever le train de bois.

Bien que le mouvement fût assuré, qu’il n’y eût pas d’erreur possible sur la hauteur que la crue devait atteindre au-dessus de l’étiage, l’heure psychologique ne serait pas sans donner quelque émotion à tous les intéressés. En effet, que, par une cause inexplicable, les eaux de l’Amazone ne s’élevassent pas assez pour déterminer la flottaison de la jangada, et tout cet énorme travail eût été à refaire. Mais, comme la décroissance de la crue se serait rapidement prononcée, il aurait fallu de longs mois pour se retrouver dans des conditions identiques.

Donc, le 5 juin, vers le soir, les futurs passagers de la jangada étaient réunis sur un plateau, qui dominait la grève d’une centaine de pieds, et tous attendaient l’heure avec une sorte d’anxiété bien compréhensible.

Là se trouvaient Yaquita, sa fille, Manoel Valdez, le padre Passanha, Benito, Lina, Fragoso, Cybèle et quelques-uns des serviteurs indiens ou noirs de la fazenda.

Fragoso ne pouvait tenir en place ; il allait, il ve-