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LA CHASSE AU MÉTÉORE

arriver arriva. Tant que Mr Dean Forsyth et le docteur Hudelson n’avaient eu que des soupçons réciproques, aucun éclat ne s’était produit. Si leurs rapports s’étaient refroidis, s’ils avaient évité de se rencontrer, les choses, du moins, n’avaient pas été plus loin. Mais, à présent, depuis la note de l’observatoire de Boston, il était publiquement établi que la découverte du même météore appartenait aux deux astronomes de Whaston. Qu’allaient-ils faire ? Chacun d’eux revendiquerait-il la priorité de cette découverte ? Y aurait-il à ce sujet des discussions privées, ou même de retentissantes polémiques auxquelles la presse whastonienne donnerait certainement une hospitalité complaisante ?

On ne savait, et l’avenir seul répondrait à ces questions. Le certain, en tout cas, c’est que, ni Mr Dean Forsyth, ni le docteur Hudelson ne faisaient plus la moindre allusion au mariage, dont la date approchait trop lentement au gré des deux fiancés. Lorsqu’on en parlait devant l’un ou devant l’autre, ils avaient toujours oublié quelque circonstance qui les rappelait à l’instant dans leur observatoire. C’était là, d’ailleurs, qu’ils passaient le plus clair de leur temps, chaque jour plus préoccupés et plus absorbés encore.

En effet, si le météore avait été revu par des astronomes officiels, c’est en vain que Mr Dean Forsyth et le docteur Hudelson cherchaient à le retrouver. S’était-il donc éloigné à une distance trop considérable pour la portée de leurs instruments ? Hypothèse après tout plausible, que rien toutefois ne permettait de vérifier. Aussi, ils ne se départissaient pas d’une surveillance incessante, de jour, de nuit, profitant de toutes les éclaircies du ciel. Si cela continuait, ils finiraient par tomber malades.

Tous deux s’épuisaient en vains efforts pour calculer les éléments de l’astéroïde, dont ils s’entêtaient respectivement à s’estimer l’unique et exclusif inventeur. Il y avait là une chance sérieuse de solutionner leur différend. Des deux astronomes ex æquo, le plus actif mathématicien pouvait encore obtenir la palme.

Mais leur unique observation avait été de trop courte durée pour donner à leurs formules une base suffisante. Une autre observation, plusieurs peut-être seraient nécessaires, avant qu’il fût possible de déterminer avec certitude l’orbite du bolide. C’est pourquoi Mr Dean Forsyth et le docteur Hudelson, chacun redou-