Page:Verne - La Chasse au Météore, Hetzel, 1908.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
LA CHASSE AU MÉTÉORE

« Enfin, c’est fini, n’est-ce pas ? » s’écria-t-elle en se jetant au cou de Mr Forsyth.

Oui, c’était fini et bien fini. La preuve en est, que, le 30 septembre, les cloches de Saint-Andrew répandirent à toute volée leurs sonores ondulations sur la cité virginienne. C’est devant une brillante assemblée, qui comprenait les parents, les amis des deux familles et les notabilités de la ville, que le révérend O’Garth célébra le mariage de Francis Gordon et de Jenny Hudelson, parvenus heureusement au port après tant de traverses et de vicissitudes.

Qu’on n’en doute pas, miss Loo était présente à la cérémonie, à titre de demoiselle d’honneur, toute charmante avec sa belle robe, prête depuis quatre mois. Et de même Mitz était là, riant et pleurant à la fois du bonheur de son fieu. Jamais elle n’avait été si émute, affirmait-elle à qui voulait l’entendre.

Presque à la même heure, un autre mariage s’accomplissait ailleurs avec moins de pompe. Cette fois, ce ne fut ni à cheval, ni à pied, ni en ballon, que Mr Seth Stanfort et Mrs Arcadia Walker allèrent chez le juge John Proth. Non, c’est assis l’un près de l’autre dans une confortable voiture qu’ils s’y rendirent, et c’est au bras l’un de l’autre qu’ils pénétrèrent pour la première fois dans sa maison, afin de lui présenter dans des conditions moins fantaisistes leurs papiers bien en règle.

Le magistrat remplit son office en remariant les deux anciens époux séparés par un divorce de quelques semaines, puis il s’inclina galamment devant eux.

« Merci, Mr Proth, dit Mrs Stanfort.

— Et adieu, ajouta Mr Seth Stanfort.

— Mr et Mrs Stanfort, adieu », répondit Mr John Proth, qui retourna incontinent soigner les fleurs de son jardin.

Mais un scrupule troublait le digne philosophe. Au troisième arrosoir, sa main inactive cessa de répandre une pluie bienfaisante sur les géraniums altérés.

« Adieu ?… murmurait-il, en s’arrêtant, pensif, au milieu de l’allée. J’aurais mieux fait, peut-être, de leur dire au revoir… »