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LA CHASSE AU MÉTÉORE

— Nous y allons de ce pas. »

Ce n’était pas tout à fait exact. Auparavant, il fallut passer chez M. Biarn Haldorsen, chef de l’Inspectorat du Nord, dont on trouva facilement la demeure reconnaissable au drapeau qui la surmontait. Les formules de politesse échangées, on entama les affaires sérieuses par le canal d’un interprète, dont M. Lecœur s’était prudemment assuré le concours.

Une première difficulté se présenta tout de suite. Non pas que M. Biarn Haldorsen eût la velléité de contester les titres de propriété qui lui étaient soumis ; mais leur interprétation n’était pas évidente. Aux termes de ces titres très réguliers et revêtus de toutes les signatures et de tous les sceaux officiels désirables, le gouvernement groënlandais, représenté par son agent diplomatique à Copenhague, cédait à M. Zéphyrin Xirdal une surface de neuf kilomètres carrés délimitée par quatre côtés égaux de trois kilomètres chacun, orientés selon les points cardinaux et se coupant à angles droits à semblable distance d’un point central situé par 72° 53′ 30″ de latitude nord et 55° 35′ 18″ de longitude ouest, le tout au prix de cinq cents kroners le kilomètre carré, soit un peu plus de six mille francs au total.

M. Biarn Haldorsen ne demandait qu’à s’incliner, mais encore fallait-il connaître l’emplacement du point central. Certes, il n’était pas sans avoir entendu parler de latitude et de longitude, et il n’ignorait pas que de telles choses existassent. Par exemple, à cela se bornait le savoir de M. Biarn Haldorsen. Que la latitude fût un animal ou un végétal, la longitude un minéral ou un objet d’ameublement, cela lui paraissait également plausible et il se gardait de toute préférence.

Zéphyrin Xirdal compléta en quelques mots les connaissances cosmographiques du chef de l’Inspectorat du Nord et rectifia ce qu’elles avaient d’erroné. Il offrit ensuite de procéder lui-même, à l’aide des instruments de l’Atlantic, aux observations et aux calculs nécessaires. Le capitaine d’un navire danois actuellement en rade pourrait d’ailleurs en contrôler les résultats, afin de rassurer pleinement son Excellence M. Biarn Haldorsen.

Il fut ainsi décidé. En deux jours, Zéphyrin Xirdal eut terminé son travail, dont le capitaine danois ne put que confirmer la méticuleuse exactitude, et c’est alors que se présenta la seconde difficulté.