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DÉNOUEMENT.

viso, a eu l’idée de courir au phare et de rallumer ce soir le feu éteint depuis si longtemps. »

Le commandant Lafayate serra chaleureusement la main à John Davis et à Vasquez, qui, par leur audacieuse intervention, avaient permis au Santa-Fé de devancer le départ de la goélette, puis il raconta dans quelles conditions, une heure avant le coucher du soleil, l’aviso avait eu connaissance de l’Île des États.

Le commandant Lafayate, ayant fait le point dans la matinée, était sûr de sa position. L’aviso n’avait qu’à prendre direction sur le cap San Juan, qu’il devait apercevoir avant la nuit.

En effet, à l’heure où le crépuscule commençait à obscurcir le ciel, le commandant Lafayate distingua très nettement sinon la côte est de l’île, du moins les hauts pics qui se dressent en arrière-plan. Il s’en trouvait alors à une dizaine de milles, et il comptait bien être au mouillage deux heures plus tard.

C’est à ce moment même que le Santa-Fé avait été aperçu par John Davis et Vasquez. C’est alors aussi que Carcante, du haut du phare, le signala à Kongre, lequel prit ses dispositions pour appareiller en toute hâte, afin de sortir de la baie avant que le Santa-Fé n’y fût entré.

Pendant ce temps, le Santa-Fé continuait à courir vers le cap San Juan… La mer était calme et sentait à peine les derniers souffles de la brise du large.

Assurément, avant que le Phare du bout du Monde n’eût été établi sur l’Île des États, le commandant Lafayate n’eût pas commis l’imprudence de s’approcher si près de terre pendant la nuit, encore moins de donner dans la baie d’Elgor pour gagner la crique.

Mais la côte et la baie étaient éclairées maintenant, et il ne lui parut pas nécessaire d’attendre au lendemain.

L’aviso continua donc sa route vers le sud-ouest, et, quand la nuit fut tout à fait sombre, il était parvenu à moins d’un mille de l’entrée de la baie d’Elgor.