Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/457

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV

L’AVISO « SANTA-FÉ ».

Comment peindre l’agitation dont ce fond de la baie fut alors le théâtre ?… Ce cri : « l’aviso… l’aviso ! » était tombé comme un coup de foudre, comme un arrêt de mort sur la tête de ces misérables. Le Santa-Fé, c’était la justice qui arrivait sur l’île, c’était le châtiment de tant de crimes, auquel ils ne pourraient plus échapper !

Mais Carcante n’avait-il pas fait erreur ? Ce navire qui s’approchait était-il bien l’aviso de la marine argentine ? Ce bâtiment était-il à destination de la baie d’Elgor ? Ne se dirigeait-il pas tout simplement vers le détroit de Lemaire ou vers la pointe Several pour passer au sud de l’île ?

Dès que Kongre eut entendu le cri de Carcante, il remonta en courant sur le sommet du tertre, se précipita dans l’escalier du phare, atteignit la galerie en moins de cinq minutes.

« Où est ce navire ? demanda-t-il.

— Là… dans le nord-nord-est.

— À quelle distance encore ?

— Dix milles à peu près.

— Il ne peut donc pas être à l’entrée de la baie avant la nuit ?

— Non. »

Kongre avait pris la longue-vue. Il observa le bâtiment avec une extrême attention, sans prononcer une parole.

Il était certain qu’on avait affaire à un steamer. On distinguait