Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
PENDANT TROIS JOURS.

cas, il ne devait pas avoir été découvert, puisqu’on n’entendait aucun bruit.

Tout à coup, répercutée par l’écho de la colline, une explosion sourde éclata dans le calme de la nuit, explosion immédiatement suivie d’un assourdissant concert de piétinements et de cris. Quelques instants plus tard, un homme, tout souillé d’eau et de vase, arrivait en courant, repoussait Davis, se glissait près de lui au fond de la cachette, et faisait retomber le bloc qui en dissimulait l’entrée.

Presque aussitôt une troupe d’hommes passa en criant. Les gros souliers frappant à grand bruit les rochers ne parvenaient pas à couvrir leurs voix.

« Hardi ! disait l’un. Nous le tenons.

— Je l’ai vu comme je te vois, disait un autre. Il est seul.

— Il n’a pas cent mètres d’avance.

— Ah ! la canaille ! Nous l’aurons. »

Le bruit décrut, s’éteignit.

« C’est fait ? demanda Davis à voix basse.

— Oui, dit Vasquez.

— Et vous pensez avoir réussi ?

— Je l’espère », répondit Vasquez.

À l’aube, un vacarme de marteaux fit disparaître toute incertitude. Puisque l’on travaillait ainsi à bord de la goélette, c’est qu’elle avait des avaries, et que la tentative de Vasquez avait réussi. Mais, quelle était l’importance de ces avaries, voilà ce que ni l’un ni l’autre ne pouvait savoir.

« Puissent-elles être assez graves pour les retenir un mois dans la baie ! s’écria Davis, oubliant que, dans ce cas, son compagnon et lui seraient morts de faim au fond de leur retraite.

— Silence ! » murmura Vasquez, en lui saisissant la main.

Une nouvelle troupe s’approchait, silencieuse celle-ci. Peut-être la même revenant de sa chasse infructueuse. En tout cas, les hommes qui la composaient ne prononçaient pas une parole.