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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

seulement quelques touffes d’épines-vinettes. Pas un seul arbre aussi loin que pouvait se porter la vue. Quelques oiseaux de mer criards et assourdissants volaient par bandes, en fuyant vers le sud.

Quant à la direction à suivre pour gagner le fond de la baie d’Elgor, elle était tout indiquée.

« Là », dit Vasquez.

Et, de la main, il montrait le phare qui se dressait à moins de deux milles.

« Marchons ! » répondit John Davis.

Tous deux allaient d’un pas rapide. S’ils avaient à prendre quelques précautions, ce serait aux approches de la crique.

Ce ne fut qu’après une demi-heure de marche qu’ils s’arrêtèrent, haletants. Mais ils ne sentaient pas leur fatigue.

Il restait encore un demi-mille à franchir. La prudence devenait nécessaire, en cas que Kongre ou un de ses hommes eût été en observation dans la galerie du phare. À cette distance, ils pouvaient être aperçus.

Par ce temps très clair, la galerie était parfaitement visible. Personne ne s’y trouvait en ce moment, mais peut-être Carcante ou tout autre se tenait-il alors dans la chambre de quart, d’où, par les étroites fenêtres orientées à tous les points cardinaux, le regard embrassait l’île sur une vaste étendue.

John Davis et Vasquez se glissèrent entre les roches, éparses çà et là dans un désordre chaotique. Ils passaient de l’une à l’autre, se défilant, rampant parfois pour traverser un espace découvert. Leur marche fut considérablement retardée pendant cette dernière partie de la route.

Il était près de six heures lorsqu’ils atteignirent l’ultime ressaut des collines qui encadraient la crique. Ils plongèrent leurs regards au-dessous d’eux.

Qu’ils pussent être aperçus, ce n’était pas possible, à moins qu’un des hommes de la bande ne vînt à gravir la colline. Même