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PENDANT TROIS JOURS.

ne sortent qu’à la marée du soir, ce qui est probable, il fera déjà peu clair. Faites donc pour le mieux, Davis. »

Tout étant préparé, Vasquez et son compagnon n’eurent plus qu’à attendre, et ils se postèrent à côté de la pièce, prêts à tirer, dès que la goélette passerait par le travers.

On sait quel fut le résultat de cette canonnade et dans quelles conditions le Carcante dut regagner son mouillage. John Davis et Vasquez ne quittèrent point la place avant de l’avoir vu regagner le fond de la baie.

Et maintenant, ce que leur commandait la prudence, c’était de chercher un refuge sur quelque autre point de l’île.

En effet, ainsi que le dit Vasquez, peut-être le lendemain Kongre et une partie de ses hommes viendraient-ils au cap San Juan. Peut-être voudraient-ils se mettre à leur poursuite ?…

Leur parti fut rapidement pris. Quitter la grotte, chercher à un ou deux milles de là un nouvel abri situé de telle manière qu’ils puissent voir tout navire qui arriverait par le nord. Si le Santa-Fé apparaissait, ils lui feraient des signaux, après avoir regagné le cap San Juan. Le commandant Lafayate enverrait un canot, les recueillerait à bord et il serait informé de la situation — situation qui serait enfin dénouée, soit que la goélette fût encore retenue dans la crique, soit, — ce qui était malheureusement possible, — qu’elle eût repris la mer.

« Fasse Dieu que cela n’arrive pas ! » se répétaient John Davis et Vasquez.

Au milieu de la nuit, tous deux se mirent en route, en emportant des provisions, leurs armes, et leur réserve de poudre. Ils suivirent le rivage de la mer pendant six milles environ, en contournant le havre Saint-Jean. Après quelques recherches, ils finirent par découvrir, de l’autre côté de ce golfe, une cavité qui suffirait à les abriter jusqu’à l’arrivée de l’aviso.

D’ailleurs, si la goélette venait à sortir, il leur serait loisible de revenir à la grotte.