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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

la baie. Ce qui avait été fait une première fois ne saurait l’être une seconde.

Ce n’était donc plus qu’une question de temps : combien de jours durerait la réparation de la nouvelle avarie ?

Il n’y eut aucune alerte cette nuit-là, et, le lendemain, l’équipage se mit à la besogne.

Le premier travail consista à déplacer la partie de la cargaison rangée dans la cale contre le flanc de bâbord. Il ne fallut pas moins d’une demi-journée pour remonter cette quantité d’objets sur le pont. D’ailleurs, il ne serait pas plus nécessaire de débarquer le chargement que de haler la goélette sur le banc de sable. Les trous de boulets se trouvant un peu au-dessus de la flottaison, on parviendrait, en accostant le canot près de la hanche, à les boucher sans trop de peine. L’essentiel était que la membrure n’eût pas été endommagée par les projectiles.

Kongre et le charpentier descendirent alors dans la cale, et voici quel fut le résultat de leur examen :

Les deux boulets n’avaient atteint que le bordage, qu’ils avaient traversé à peu près à la même hauteur, et on les retrouva en déplaçant la cargaison. Ils n’avaient fait qu’effleurer les couples dont la solidité n’était point compromise. Les trous, placés à deux ou trois pieds l’un de l’autre, étaient tous deux à bords francs, comme découpés à la scie. Ils pourraient être fermés hermétiquement avec des tapes maintenues par des pièces de bois intercalées entre les membrures, et par-dessus lesquelles on appliquerait une feuille de doublage.

En somme, ce n’étaient pas là de grosses avaries. Elles ne compromettaient point le bon état de la coque, et elles allaient être promptement réparées.

« Quand ? demanda Kongre.

— Je vais préparer les traverses intérieures, et elles seront posées ce soir, répondit Vargas.

— Et les tapes ?