rait pris des mesures… Il se serait livré à des recherches… Il aurait fouillé toute l’île, et qui sait s’il n’aurait pas découvert notre retraite ?… Et puis, n’aurait-il pu être rejoint par le troisième gardien qui nous a échappé ?
— Ce n’était pas à craindre, Kongre. Nous n’avons jamais trouvé ses traces, et comment, sans aucune ressource, aurait-il pu vivre depuis près de deux mois ! Car voilà bientôt deux mois que le Carcante… — ah ! je n’ai point oublié son nouveau nom cette fois — est venu au mouillage de la baie d’Elgor, et, à moins que ce brave gardien n’ait vécu tout ce temps de poisson cru et de racines…
— Après tout, nous serons partis avant le retour de l’aviso, dit Kongre, et c’est plus sûr.
— Il ne doit guère arriver que dans une huitaine de jours, à s’en rapporter au livre du phare, déclara Carcante.
— Et, dans huit jours, ajouta Kongre, nous serons déjà loin du cap Horn, en route pour les Salomon ou les Nouvelles-Hébrides.
— Entendu, Kongre. Je vais monter une dernière fois à la galerie pour observer la mer. S’il y a quelque bâtiment en vue…
— Eh ! que nous importe, fit Kongre, en haussant les épaules. L’Atlantique et le Pacifique sont à tout le monde. Le Carcante a ses papiers en règle. Le nécessaire a été fait à cet égard, tu peux t’en fier à moi. Et, si même le Santa-Fé le rencontrait à l’entrée du détroit, il lui rendrait son salut, car une politesse en vaut une autre ! »
On le voit, Kongre ne doutait pas de la réussite de ses projets. Il semblait bien d’ailleurs que tout concourait à les favoriser.
Tandis que son capitaine redescendait vers la crique, Carcante monta l’escalier, et, parvenu à la galerie, il y resta en observation pendant une heure.
Le ciel était alors complètement nettoyé et la ligne de l’hori-