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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

ce logement, à la place de ceux qu’ils avaient tués, de celui qu’ils tueraient, s’il tombait entre leurs mains !

De l’endroit où il se trouvait, Vasquez ne pouvait apercevoir la goélette, enveloppée d’ombre. Il dut s’approcher d’une centaine de pas, ne pensant pas qu’il y eût danger à le faire. Toute la bande était enfermée dans le logement. Personne n’en sortirait sans doute.

Vasquez s’approcha plus près encore. Il se glissa jusqu’à la grève de la petite crique. C’était à la marée de l’avant-veille que la goélette avait été déhalée du banc de sable. À présent, elle flottait, mouillée sur son ancre !

Ah ! s’il l’avait pu, s’il n’avait dépendu que de lui, avec quel plaisir il eût défoncé cette coque et l’eût coulée dans la crique.

Ainsi donc les avaries étaient réparées. Cependant, Vasquez avait fait cette remarque, que, si la goélette flottait, il s’en fallait d’au moins deux pieds qu’elle fût dans ses lignes d’eau. Cela indiquait qu’elle n’avait pas encore embarqué son lest, ni sa cargaison. Il se pouvait donc que le départ fût retardé de quelques jours. Mais, assurément, ce serait le dernier délai, et, dans quarante-huit heures peut-être, la Maule appareillerait, elle doublerait le cap San Juan, et disparaîtrait à l’horizon pour toujours.

Vasquez n’avait plus alors qu’une petite quantité de vivres. Aussi, le lendemain, se rendit-il à la caverne afin de renouveler ses provisions.

Il faisait à peine jour ; mais, se disant que la chaloupe reviendrait ce matin-là enlever tout ce qui devait être embarqué sur la goélette, il se hâta, non sans prendre les plus grandes précautions.

En tournant la falaise, il n’aperçut point la chaloupe, et la rive était déserte.

Vasquez entra donc dans la caverne.

Il s’y trouvait encore nombre d’objets, de ceux qui étaient sans