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IX

VASQUEZ.

Depuis l’arrivée de la goélette au mouillage de la baie d’Elgor, Vasquez avait vécu sur le littoral du cap San Juan dont il ne voulait pas s’éloigner. Si quelque navire venait en relâche dans la baie, au moins serait-il là pour le héler à son passage.

On le recueillerait, il préviendrait le capitaine du danger qu’il courait à remonter dans la direction du phare, il lui apprendrait qu’une bande de malfaiteurs en étaient maîtres, et, si ce capitaine n’avait pas un équipage suffisant pour s’emparer d’eux ou les chasser à l’intérieur de l’île, il aurait le temps de reprendre le large.

Mais quelle apparence que cette éventualité vînt à se produire, et pourquoi un bâtiment, à moins d’y être forcé, relâcherait-il au fond de cette baie à peine connue des navigateurs ?

C’eût été cependant la circonstance la plus favorable que ce navire se dirigeât vers les Malouines, — une traversée de quelques jours seulement, les autorités anglaises eussent été rapidement prévenues des événements dont l’Île des États venait d’être le théâtre. Un bâtiment de guerre aurait peut-être pu se rendre immédiatement à la baie d’Elgor, y arriver avant que la Maule en fût repartie, détruire, jusqu’au dernier, Kongre et les siens, et faire le nécessaire pour que le phare fût aussitôt remis en service.

« Pour cela, se répétait Vasquez, faudra-t-il donc attendre le retour du Santa-Fé ?… Deux mois !… D’ici là, la goélette sera