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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

sur les Pécherais de la bande, du moins les autres, compris Kongre et Carcante, lui viendraient en aide.

La partie de bordage endommagée fut enlevée facilement, après qu’on eut retiré les feuilles de cuivre du doublage. Cela laissa à nu les couples et les varangues qu’il s’agissait de remplacer. Le bois rapporté de la caverne, planches et courbes, y suffirait, et il ne serait pas nécessaire d’abattre un arbre dans le bois de hêtres, de le débiter, de le scier, ce qui eût été un gros ouvrage.

Pendant les quinze jours qui suivirent, Vargas et les autres, favorisés par le temps qui resta beau, avaient fait bonne besogne. Ce qui occasionna le plus de difficultés, ce fut d’enlever les varangues et les membres qui devaient être remplacés. Ces diverses pièces étaient chevillées en cuivre, reliées par des gournables. L’ensemble tenait bon et, décidément, cette goélette, la Maule, sortait de l’un des meilleurs chantiers de construction de Valparaiso. Vargas ne parvint pas sans peine à terminer cette première partie de son travail et, assurément, faute des outils de charpentier recueillis dans la caverne, il n’aurait pu le mener à bonne fin.

Il va de soi que pendant les premiers jours il avait fallu interrompre la besogne au moment du plein de la mer. Ensuite, la marée devint tellement faible, qu’elle atteignait à peine les premières déclivités de la grève. La quille n’était plus en contact avec l’eau, et on pouvait travailler à l’intérieur comme à l’extérieur de la coque. Mais il importait d’avoir tout au moins remis le bordage en place avant que la mer eût pris du revif.

Par prudence, et sans aller jusqu’à enlever le doublage de cuivre, Kongre fit reprendre toutes les coutures au-dessous de la flottaison. On en renouvela le calfatage avec le goudron et l’étoupe recueillis parmi les épaves.

L’opération se poursuivit dans ces conditions jusqu’à la fin du mois de janvier, et presque sans interruption. Le temps ne