Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

Le temps était assez beau. Des rayons de soleil passaient entre les nuages qu’une légère brise poussait du sud.

Avant de partir, ainsi qu’il le faisait chaque jour, Carcante était monté à la galerie du phare pour observer l’horizon. Déserte la mer au large, aucun bâtiment en vue, pas même une de ces barques de Pécherais qui se risquaient parfois jusque dans l’est des îlots New-Year.

Déserte aussi l’île, si loin que la vue pouvait s’étendre.

Tandis que la chaloupe descendait avec le courant, Kongre examinait attentivement les deux rivages de la baie. Et ce troisième gardien qui avait échappé au massacre, où était-il alors ?… Bien que ce ne fût pas pour lui un sujet d’inquiétude, s’en débarrasser eût mieux valu, et c’est ce qui serait fait à l’occasion.

La terre était aussi déserte que la baie. Elle ne s’animait que du vol et des cris de myriades d’oiseaux qui nichaient dans la falaise.

Vers onze heures, la chaloupe accosta devant la caverne, après avoir été servie non seulement par le jusant, mais aussi par la brise.

Kongre et Carcante débarquèrent, laissant de garde deux de leurs hommes, et se rendirent à la caverne, d’où ils ressortirent une demi-heure plus tard.

Les choses leur avaient paru être dans l’état où ils les avaient laissées. D’ailleurs, il y avait là un tel fouillis d’objets de toute nature qu’il eût été difficile, même à la lueur du fanal, de constater s’il ne manquait rien.

Kongre et son compagnon rapportèrent deux caisses soigneusement fermées, provenant du naufrage d’un trois-mâts anglais, et qui renfermaient une somme importante en monnaie d’or et en pierres précieuses. Ils les déposèrent dans la chaloupe et se disposaient à partir, lorsque Kongre manifesta l’intention d’aller jusqu’au cap San Juan. De là il pourrait observer le littoral en direction du sud et du nord.