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LA CAVERNE.

Quant à l’eau douce, un petit rio, alimenté par la fonte des neiges et qui coulait au pied de la falaise vers la baie, l’assurait contre les besoins de la soif.

Vasquez apaisa sa faim avec du biscuit et un morceau de corn-beef. Comme il se disposait à sortir pour se désaltérer, il entendit un bruit à faible distance, et s’arrêta.

« Ce sont eux », se dit-il.

Se couchant près de la paroi, de manière à voir sans être vu, il regarda dans la direction de la baie.

Un canot, monté par quatre hommes, descendait le courant. Deux nageaient à l’avant. Les deux autres, dont l’un tenait la barre, étaient à l’arrière.

C’était le canot de la goélette et non la chaloupe du phare.

« Que viennent-ils faire ? se demanda Vasquez. Sont-ils à ma recherche ?… À la manière dont la goélette a navigué dans la baie, il est certain que ces misérables la connaissaient déjà, et que ce n’est pas la première fois qu’ils mettent le pied sur l’île… Ce n’est pas pour visiter la côte qu’ils sont venus jusqu’ici !… Si ce n’est pas moi dont ils veulent s’emparer, quel est leur but ?… »

Vasquez observait ces hommes. À son avis, celui qui gouvernait le canot, le plus âgé des quatre, devait être le chef, le capitaine de la goélette. Il n’eût pu dire quelle était sa nationalité, mais il lui parut bien, à leur type, que ses compagnons appartenaient à la race espagnole du Sud-Amérique.

En ce moment, l’embarcation se trouvait presque à l’entrée de la baie dont elle venait de longer la rive nord, à cent pas au-dessus de l’anfractuosité dans laquelle se cachait Vasquez. Celui-ci ne la perdait point de vue.

Le chef fit un signe et les avirons s’arrêtèrent. Un coup de barre, en profitant de l’erre du canot, le fit accoster sur la grève.

Aussitôt les quatre hommes débarquèrent, après que l’un d’eux eut enfoncé le grappin dans le sable.