Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
INAUGURATION.

Saint-Jean. Au pied de la tour se creusait la baie d’Elgor, dont le rivage s’animait d’un va-et-vient des matelots du Santa-Fé. Pas une voile, pas une fumée au large. Rien que les immensités de l’Océan.

Après une station d’un quart d’heure à la galerie du phare, les deux officiers, suivis de Vasquez, redescendirent, et retournèrent à bord.

Après déjeuner, le capitaine Lafayate et le second Riegal se firent de nouveau mettre à terre. Les heures qui précédaient le départ, ils allaient les consacrer à une promenade sur la rive nord de la baie. Plusieurs fois déjà, et sans pilote, — on comprendra qu’il n’y en eût point à l’Île des États — le commandant était rentré de jour pour prendre son mouillage habituel dans la petite crique au pied du phare. Mais, par prudence, il ne négligeait jamais de faire une reconnaissance nouvelle de cette région peu ou mal connue.

Les deux officiers prolongèrent donc leur excursion. Traversant l’isthme étroit qui réunit au reste de l’île le cap Saint-Jean, ils examinèrent le rivage du havre du même nom, qui, de l’autre côté du cap, forme comme le pendant de la baie d’Elgor.

« Ce havre Saint-Jean, observa le commandant, est excellent. Il y a partout assez d’eau pour les navires du plus fort tonnage. Il est vraiment fâcheux que l’entrée en soit si difficile. Un feu, même de la plus médiocre intensité, mis en alignement avec le phare d’Elgor, permettrait aux navires mal pris d’y trouver aisément refuge.

— Et c’est le dernier qu’on trouve en sortant du détroit de Magellan », fit remarquer le lieutenant Riegal.

À quatre heures les deux officiers étaient de retour. Ils remontèrent à bord après avoir pris congé de Vasquez, de Felipe, et de Moriz, qui restèrent sur la grève en attendant le moment du départ.

À cinq heures, la pression commençait à monter dans la chau-