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de gabès à tozeur.

autant qu’il avait été nécessaire. Seules, les tribus touareg et quelques autres nomades qui fréquentaient les abords des sebkha, avaient refusé de prendre part au percement du canal.

Tout en cheminant, M. de Schaller prenait des notes. Il resterait quelques rectifications à faire aux talus des berges et au lit même du canal pour retrouver la pente calculée de manière à obtenir un débit suffisant, « tant, ainsi que l’avait établi M. Roudaire, pour remplir les bassins, que pour les maintenir à un niveau constant, en restituant l’eau qui s’évaporerait chaque jour ».

« Mais, dans le principe, demanda le capitaine Hardigan, quelle devait être la largeur du canal ?…

— Seulement de vingt-cinq à trente mètres en moyenne, répondit M. de Schaller, et il devait être établi de manière que l’élargissement pût se faire de lui-même par le courant des eaux. Cependant, bien que ce fût un plus grand travail, et, par suite, une dépense plus considérable, on avait cru nécessaire de porter la largeur à quatre-vingts mètres, telle que vous la voyez aujourd’hui.

— Cela, sans doute, mon cher ami, en vue d’abréger le temps que les chotts Rharsa et Melrir mettront à s’inonder…

— Assurément, et, je vous le répète, nous comptons sur la rapidité du courant pour rejeter les sables latéralement, ce qui laissera passer une plus grande quantité des eaux du golfe.

— Mais enfin, au début, reprit le capitaine Hardigan, on ne parlait pas moins de dix années pour donner à la mer Saharienne son niveau normal ?…

— Je le sais… je le sais… répliqua M. de Schaller, et l’on prétendait même que l’eau s’évaporerait pendant son passage à travers le canal, et qu’il n’en arriverait pas une goutte au chott Rharsa ! Aussi, à mon avis, eût-il beaucoup mieux valu s’en tenir à la largeur primitivement fixée et donner plus de tirant d’eau au canal, du moins en sa première partie. C’eût été infini-