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l’invasion de la mer

reconnaître dans cet homme barbu et moustachu, dont le premier soin serait de se raser dès qu’il serait à bord du Benassir.

Ce qui s’était passé quarante-huit heures avant, le voici :

Un tremblement de terre venait de modifier toute la région orientale du Djerid entre le golfe et le Melrir. Après la rupture du seuil de Gabès et l’abaissement du sol sur une longueur de plus deux cents kilomètres, les eaux de la Petite-Syrte s’étaient précipitées à travers le canal qui n’avait pu suffire à les contenir. Aussi avaient-elles envahi le pays des sebkhas et des chotts, inondant non seulement le Rharsa sur toute son étendue, mais aussi la vaste dépression du Fejey-Tris. Très heureusement, les bourgades La Hammâ, Nefta, Tozeur et autres n’avaient point été englouties, grâce à leur situation en terrain élevé, et elles pourraient figurer sur la carte comme ports de mer.

En ce qui concerne le Melrir, l’Hinguiz était devenu une grande île centrale. Mais, si Zenfig fut épargnée, du moins le chef Hadjar et sa troupe de pillards, surpris par le mascaret, avaient-ils péri jusqu’au dernier.

En ce qui concerne le lieutenant Villette, c’est en vain qu’il avait tenté de retrouver le capitaine Hardigan et ses compagnons. Les recherches n’avaient point abouti. Après avoir fouillé les environs du Melrir du côté du chantier du kilomètre 347 où les ouvriers de la section n’avaient point reparu, l’expédition de Pointar ayant attendu une escorte envoyée de Biskra, il s’était rendu à Nefta afin d’y organiser une expédition à travers les diverses tribus touareg.

Mais il y avait rejoint les conducteurs et les deux spahis qui avaient dû à un incident fortuit d’échapper au sort de leurs chefs.

Or, il se trouvait dans cette ville lors du tremblement de terre, et il y était encore lorsque le commandant du Benassir, parti de Gabès dès que l’inondation l’eut permis, vint y chercher des informations sur le Rharsa et le Melrir.