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ce qui s’était passé.

Ils prêtèrent l’oreille. Non ! aucun aboiement pendant les courtes accalmies. Pistache s’était assurément trompé.

Le capitaine Hardigan et ses compagnons reprirent donc le chemin du campement et, après avoir traversé l’oasis dont les arbres se courbaient sous la violence du vent, ils regagnèrent leurs tentes.

Quelques minutes de plus, ils eussent été assaillis par les rafales qui faisaient rage au milieu d’une pluie torrentielle.

Il était six heures alors. Le capitaine prit ses dispositions pour cette nuit qui s’annonçait comme l’une des plus mauvaises depuis que l’expédition avait quitté Gabès.

Sans doute, il y avait lieu de penser que le retard du lieutenant Villette était dû à la survenue de ce formidable orage qui le retiendrait à l’oasis de Gizeb jusqu’au lendemain.

Néanmoins, le capitaine et M. de Schaller ne laissaient pas de ressentir certaines appréhensions. Que Mézaki se fût donné pour un des ouvriers de Pointar, ne l’étant pas, et qu’il eût préparé quelque criminelle machination contre l’expédition envoyée au Melrir, ils ne pouvaient pas même le soupçonner. Mais comment auraient-ils oublié ce qu’était l’état des esprits chez les populations nomades ou sédentaires du Djerid, l’excitation qui régnait parmi les diverses tribus contre cette création de la mer Saharienne ?… Est-ce qu’une attaque récente n’avait pas été dirigée contre le chantier de Goléah, attaque qui se renouvellerait probablement si les travaux de la section étaient repris ?… Sans doute, Mézaki affirmait que les agresseurs, après avoir dispersé les ouvriers, s’étaient retirés vers le sud du chott. Mais d’autres partis couraient peut-être la plaine et, s’ils le rencontraient, le détachement du lieutenant Villette serait écrasé sous le nombre !…

Cependant, à y bien réfléchir, ces craintes devaient être exagérées. Mais l’ingénieur et le capitaine y revenaient sans cesse. Et comment eussent-ils pu prévoir que, si quelque danger menaçait, ce n’était pas le lieutenant Villette et ses hommes sur la