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l’invasion de la mer

— Quitte à être retardé d’un jour, répondit M. de Schaller, notre lieutenant aura eu raison de ne point s’aventurer avec un ciel si menaçant ! Ce qu’il y aurait de plus fâcheux, ce serait que ses hommes et lui eussent été surpris sur la plaine, où ils ne trouveraient aucun abri…

— C’est mon avis », conclut le capitaine Hardigan.

L’après-midi s’avançait, et rien n’annonçait l’approche de la petite troupe, pas même les aboiements de Coupe-à-cœur, qui l’aurait précédée. Maintenant, à moins d’une lieue, les éclairs illuminaient l’espace sans discontinuer. La lourde masse des nuages, ayant dépassé le zénith, se rabattait lentement vers le Melrir. Avant une demi-heure, l’orage serait sur le campement, et se dirigerait ensuite vers le chott.

Cependant, l’ingénieur, le capitaine Hardigan, le brigadier et deux des spahis s’étaient portés sur la lisière de l’oasis. Devant leurs yeux s’étendait la vaste plaine dont, çà et là, les efflorescences réverbéraient la lueur des éclairs.

En vain leurs regards interrogeaient l’horizon. Aucun groupe de cavaliers n’apparaissait de ce côté.

« Il est certain, dit le capitaine, que le détachement ne s’est point mis en route, et il ne faut pas l’attendre avant demain…

— Je le pense, mon capitaine, répondit Pistache. Même après l’orage, la nuit venue, au milieu de l’obscurité, se diriger sur Goléah serait bien difficile…

— Villette est un officier expérimenté, et on peut compter sur sa prudence… Retournons au campement, car la pluie ne tardera pas à tomber. »

À peine tous quatre avaient-ils fait une dizaine de pas, que le brigadier s’arrêtait :

« Écoutez, mon capitaine… » dit-il.

Tous s’étaient retournés.

« Il me semble entendre des aboiements… Est-ce que le chien du marchef ?… »