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une excursion de douze heures.

— Pour aller… où ?… à ton idée ?… demanda le lieutenant Villette.

— Peut-être au chantier…

— Mais nous les aurions rencontrés en venant, j’imagine…

— Non… s’ils n’ont pas descendu le long de l’oued…

— Et pourquoi auraient-ils pris un autre chemin que nous ?… »

Mézaki ne put répondre.

Il était près de quatre heures lorsque l’officier fut de retour au lieu de halte. Les recherches avaient été infructueuses. Le chien ne s’était lancé sur aucune piste. Il paraissait bien que l’oasis n’eût pas été fréquentée depuis longtemps, pas plus par l’équipe que par le personnel d’une kafila.

Et, alors, le maréchal des logis-chef, ne résistant point à une pensée qui l’obsédait, s’approchant de Mézaki, et le regardant bien en face :

« Eh ! l’Arbico… dit-il, est-ce que tu nous aurais mis dedans ?… »

Mézaki, sans baisser les yeux devant ceux du marchef, eut un mouvement d’épaules tellement dédaigneux que Nicol l’aurait saisi à la gorge si le lieutenant Villette ne l’avait retenu.

« Silence, Nicol, dit-il. Nous allons retourner à Goléah, et Mézaki nous suivra…

— Entre deux de nos hommes alors…

— Je suis prêt », répondit froidement l’Arabe dont le regard, un instant enflammé par la colère, reprit son calme habituel.

Les chevaux refaits dans le pâturage, abreuvés aux eaux de l’oued, étaient en mesure de franchir la distance qui séparait Gizeb du Melrir. La petite troupe serait certainement de retour avant la nuit.

Sa montre marquait quatre heures quarante lorsque le lieutenant donna le signal du départ. Le marchef se plaça près de lui, et l’Arabe prit rang entre deux spahis qui ne le perdraient pas de vue. Il convient de l’observer, les compagnons de Nicol partageaient maintenant ses soupçons à l’égard de Mézaki, et, si