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le chott rharsa.

Il est vrai, lorsque aucun nuage ne tempérait les ardeurs du soleil, la chaleur éprouvait fortement les hommes et les chevaux, au pied de ces dunes. Mais, enfin, des officiers algériens, des spahis ont déjà l’accoutumance de ces brûlants climats, et, en ce qui concerne M. de Schaller, c’était aussi un Africain bronzé par le soleil et les explorations, et c’est précisément ce qui l’avait désigné pour prendre la direction des travaux définitifs de la mer Saharienne.

Quant aux dangers, ils n’auraient pu provenir que d’un cheminement à travers les « hofra » du chott, qui sont les dépressions les plus accusées où le sol est mouvant et n’offre aucun appui solide ; mais, sur le parcours que suivait l’expédition, ces enlisements étaient peu à craindre.

« C’est qu’ils sont très sérieux ces dangers, répétait l’ingénieur, et, pendant le creusement du canal à travers les sebkha tunisiennes, on a eu maintes occasions de le constater.

— En effet, ajouta le capitaine Hardigan, c’est une des difficultés que prévoyait déjà M. Roudaire, pour le nivellement du Rharsa et du Melrir… Ne raconte-t-il pas qu’il enfonçait parfois jusqu’au genou dans le sable salé ?…

— Et il n’a dit que la vérité, affirma M. de Schaller. Ces bas-fonds sont parsemés de trous auxquels les Arabes donnent le nom d’« œils de mer », et dont les sondes ne peuvent atteindre le fond. Aussi des accidents sont-ils toujours à redouter. Lors d’une reconnaissance de M. Roudaire, un des cavaliers et son cheval s’engloutirent dans une de ces crevasses, et, même en ajustant vingt baguettes de leurs fusils les unes aux autres, ses camarades ne parvinrent pas à l’en retirer…

— Donc, prenons nos précautions, recommanda le capitaine Hardigan, on ne saurait être trop prudent. Mes hommes ont défense de s’écarter des dunes, à moins que nous n’ayons bien constaté l’état du sol… Et même j’ai toujours la crainte que ce diable de Coupe-à-cœur, qui court à tort, c’est le cas de le dire,