« Misérable ! s’écria-t-elle.
— Eh oui ! bien misérable, Hadjine, répondit Sacratif. Aussi, est-ce sur vos millions que je compte pour m’arracher à la misère ! »
À ces mots, la jeune fille s’avança vers Sacratif :
« Nicolas Starkos, dit-elle d’une voix calme, Hadjine Elizundo n’a plus rien de la fortune que vous convoitiez ! Cette fortune, elle l’a dépensée à réparer le mal que son père avait fait pour l’acquérir ! Nicolas Starkos, Hadjine Elizundo est plus pauvre, maintenant, que le dernier de ces malheureux que la Syphanta ramenait à leur pays ! »
Cette révélation inattendue produisit un revirement chez Sacratif. Son attitude changea subitement. Dans ses yeux brilla un éclair de fureur. Oui ! il comptait encore sur ces millions qu’Hadjine Elizundo eût sacrifiés pour sauver la vie d’Henry d’Albaret ! Et de ces millions — elle venait de le dire avec un accent de vérité qui ne pouvait laisser aucun doute — il ne lui restait plus rien !
Sacratif regardait Hadjine, il regardait Henry d’Albaret. Skopélo l’observait, le connaissant assez pour savoir quel serait le dénouement de ce drame. D’ailleurs, les ordres relatifs à la destruction de la corvette lui avaient été déjà donnés, et il n’attendait qu’un signe pour les mettre à exécution.