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sacratif.

la distance lui permettait de le faire utilement ?

Henry d’Albaret se taisait toujours. Il regardait la ligne qui commençait à se courber à ses deux extrémités. Les bricks du centre — et l’un d’eux était celui qui avait hissé le pavillon noir de Sacratif — se trouvaient alors à moins d’un mille.

Mais, si le commandant de la Syphanta ne se pressait pas de commencer le feu, il ne semblait point que le chef de la flottille fût plus pressé que lui de le faire. Peut-être même prétendait-il accoster la corvette, sans même avoir tiré un seul coup de canon, afin de lancer quelques centaines de ses pirates à l’abordage.

Enfin Henry d’Albaret pensa qu’il ne devait pas attendre plus longtemps. Une dernière risée, qui vint jusqu’à la corvette, lui permit d’arriver d’un quart. Après avoir rectifié sa position, de manière à bien avoir les deux bricks par le travers, à moins d’un demi-mille :

« Attention sur le pont et dans la batterie ! » cria-t-il.

Un léger bruissement se fit entendre à bord, et fut suivi d’un silence absolu.

« À couler ! » dit Henry d’Albaret.

L’ordre fut aussitôt répété par les officiers, et les pointeurs de la batterie visèrent soigneusement la