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l’archipel en feu.

commandement de la corvette, et il conduirait sa jeune femme en France, d’où il comptait la ramener ensuite sur sa terre natale.

Or, précisément, ce soir-là, ils s’entretenaient de toutes ces choses. À peine le léger souffle de la brise suffisait-il à gonfler les hautes voiles de la Syphanta. Un merveilleux coucher de soleil venait d’illuminer l’horizon, dont quelques traits d’or vert surmontaient encore le périmètre légèrement embrumé dans l’ouest. À l’opposé scintillaient les premières étoiles du levant. La mer tremblotait sous l’ondulation de ses paillettes phosphorescentes. La nuit promettait d’être magnifique.

Henry d’Albaret et Hadjine se laissaient aller au charme de cette soirée délicieuse. Ils regardaient le sillage, à peine dessiné par quelques blanches guipures que la corvette laissait à l’arrière. Le silence n’était troublé que par les battements de la brigantine, dont les plis bruissaient doucement. Ni lui ni elle ne voyaient plus rien de ce qui n’était pas eux-mêmes et en eux. Et, s’ils furent enfin rappelés au sentiment du réel, c’est qu’Henry d’Albaret s’entendit appeler avec une certaine insistance.

Xaris était devant lui.

« Mon commandant ?… dit Xaris pour la troisième fois.