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l’archipel en feu.

zundo !éclatèrent depuis la dunette jusqu’au gaillard d’avant, depuis les profondeurs de la batterie jusqu’aux basses vergues, sur lesquelles une cinquantaine de matelots s’étaient groupés, en poussant de vigoureux hurrahs.

Une seule prisonnière — celle qui se cachait la veille dans le batistan — n’avait point pris part à cette manifestation. En s’embarquant, toute sa préoccupation avait été de passer inaperçue au milieu des captifs. Elle y avait réussi, et personne même ne remarqua plus sa présence à bord, dès qu’elle se fut blottie dans le coin le plus obscur de l’entrepont. Évidemment, elle espérait pouvoir débarquer sans avoir été vue. Mais pourquoi prenait-elle tant de précautions ? Était-elle donc connue de quelque officier ou matelot de la corvette ? En tout cas, il fallait qu’elle eût de graves raisons pour vouloir garder cet incognito pendant les trois ou quatre jours que devait durer la traversée de l’Archipel.

Cependant, si Henry d’Albaret méritait la reconnaissance des passagers de la corvette, que méritait donc Hadjine pour ce qu’elle avait fait depuis son départ de Corfou ?

« Henry, avait-elle dit la veille, Hadjine Elizundo est pauvre, maintenant, et maintenant digne de vous ! »