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l’archipel en feu.

En ce moment, au milieu du profond silence, une voix vibrante se fit entendre, et ces trois mots furent jetés au crieur :

« Cinq mille livres ! »

Nicolas Starkos se retourna.

Un groupe de marins venait d’arriver à l’entrée du batistan. Devant eux se tenait un officier.

« Henry d’Albaret ! s’écria Nicolas Starkos. Henry d’Albaret… ici… à Scarpanto ! »

C’était le hasard seul qui venait d’amener le commandant de la Syphanta sur la place du marché. Il ignorait même que, ce jour-là — c’est-à-dire vingt-quatre heures après son arrivée à Scarpanto — il y eût une vente d’esclaves dans la capitale de l’île. D’autre part, puisqu’il n’avait point aperçu la sacolève au mouillage, il devait être non moins étonné de trouver Nicolas Starkos à Arkassa que celui-ci l’était de l’y voir.

De son côté, Nicolas Starkos ignorait que la corvette fût commandée par Henry d’Albaret, bien qu’il sût qu’elle avait relâché à Arkassa.

Que l’on juge donc des sentiments qui s’emparèrent de ces deux ennemis, lorsqu’ils se virent en face l’un de l’autre.

Et, si Henry d’Albaret avait jeté cette enchère inattendue, c’est que, parmi les prisonniers du batistan,