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signaux sans réponse.

séparait alors le brick de la corvette. En outre, avec le soleil qui venait de disparaître derrière les hauteurs des Asprovouna, le soir commençait à se faire, et l’obscurité, au pied de la terre, était déjà profonde.

« Singulier bâtiment ! dit le capitaine Todros.

— On dirait qu’il cherche à passer entre l’île Platana et la côte ! ajouta un des officiers.

— Oui ! comme un navire qui regretterait d’avoir été vu, répondit le second, et qui voudrait se cacher ! »

Henry d’Albaret ne répondit pas ; mais, évidemment, il partageait l’opinion de ses officiers. La manœuvre du brick, en ce moment, ne laissait pas de lui paraître suspecte.

« Capitaine Todros, dit-il enfin, il importe de ne pas perdre la piste de ce navire pendant la nuit. Nous allons manœuvrer de manière à rester dans ses eaux jusqu’au jour. Mais, comme il ne faut pas qu’il nous voie, vous ferez éteindre tous les feux à bord. »

Le second donna des ordres en conséquence. On continua d’observer le brick, tant qu’il fut visible sous la haute terre qui l’abritait. Lorsque la nuit fut faite, il disparut complètement, et aucun feu ne permit de déterminer sa position.

Le lendemain, dès les premières lueurs de l’aube, Henry d’Albaret était à l’avant de la Syphanta, atten-