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l’archipel en feu.

de plus pour que le commandant d’Albaret voulût observer les approches de ce port.

À cette époque, en effet, Grabouse était encore un nid à forbans. Près de sept mois avant, il n’avait pas fallu moins d’une flotte anglo-française et d’un détachement de réguliers grecs sous le commandement de Maurocordato, pour avoir raison de ce repaire de mécréants. Et, ce qu’il y eut de particulier, c’est que ce furent les autorités crétoises elles-mêmes qui refusèrent de livrer une douzaine de pirates, réclamés par le commandant de l’escadre anglaise. Aussi, celui-ci fut-il obligé d’ouvrir le feu contre la citadelle, de brûler plusieurs vaisseaux et d’opérer un débarquement pour obtenir satisfaction.

Il était donc naturel de supposer que, depuis le départ de l’escadre alliée, les pirates avaient dû préférablement se réfugier à Grabouse, puisqu’ils y trouvaient des auxiliaires si inattendus. Aussi Henry d’Albaret se décida-t-il à gagner Scarpanto en suivant la côte méridionale de la Crète, de manière à passer devant Grabouse. Il donna donc ses ordres, et le capitaine Todros s’empressa de les faire exécuter.

Le temps était à souhait. D’ailleurs, sous cet agréable climat, décembre est le commencement de l’hiver et janvier en est la fin. Île fortunée, que cette Crète, patrie du roi Minos et de l’ingénieur