Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

215
signaux sans réponse.

Cependant, la Syphanta, en quittant Milo, poussa encore dans le sud-est jusqu’à l’île de Santorin, et fouilla les moindres replis de ses falaises noirâtres. Dangereux parages, desquels il peut à chaque instant surgir un nouvel écueil sous la poussée des feux volcaniques. Puis, prenant pour amers l’ancien mont Ida, le moderne Psilanti, qui domine la Crète de plus de sept mille pieds, la corvette courut droit dessus sous une jolie brise d’ouest-nord-ouest, qui lui permit d’établir toute sa voilure.

Le surlendemain, 15 août, les hauteurs de cette île, la plus grande de tout l’Archipel, détachaient sur un horizon clair leurs pittoresques découpures, depuis le cap Spada jusqu’au cap Stavros. Un brusque retour de la côte cachait encore l’échancrure au fond de laquelle se trouve Candie, la capitale.

« Votre intention, mon commandant, demanda le capitaine Todros, est-elle de relâcher dans un des ports de l’île ?

— La Crète est toujours aux mains des Turcs, répondit Henry d’Albaret, et je crois que nous n’avons rien à y faire.

À s’en rapporter aux nouvelles qui m’ont été communiquées à Syra, les soldats de Mustapha, après s’être emparés de Retimo, sont devenus maîtres du pays tout entier, malgré la valeur des Sphakiotes.

— De hardis montagnards, ces Sphakiotes, dit le