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l’archipel en feu.

donner aux fuyards. Tout cela se fit avec autant de régularité et de promptitude que si la Syphanta eût été un bâtiment de guerre.

Cependant, la corvette s’approchait de la flottille, prête à attaquer comme à repousser toute attaque. Le dessein du commandant était de porter sur le brigantin, de le saluer d’une bordée qui pouvait le mettre hors de combat, puis de l’accoster et de lancer ses hommes à l’abordage.

Mais il était probable que les pirates, tout en se préparant à la lutte, ne devaient songer qu’à s’échapper. S’ils ne l’avaient pas fait plus tôt, c’est qu’ils avaient été surpris par l’arrivée de la corvette, qui maintenant leur fermait la rade. Il ne leur restait donc qu’à combiner leurs mouvements pour essayer de forcer le passage.

Ce fut le brigantin qui commença le feu. Il pointa ses canons de manière à pouvoir démâter la corvette au moins de l’un de ses mâts. S’il y réussissait, il serait dans des conditions plus favorables pour se dérober à la poursuite de son adversaire.

La bordée passa à sept ou huit pieds au-dessus du pont de la Syphanta, coupa quelques drisses, rompit quelques écoutes et bras de vergues, fit voler en éclats une partie de la drôme entre le grand mât et le mât de misaine, et blessa trois ou quatre matelots,