Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

189
campagne dans l’archipel.

l’île n’avait point de forces suffisantes à leur opposer.

Mais la corvette apparut sur la rade, et dès qu’elle eut été signalée par un pavillon hissé au grand mât du brigantin, tous ces bâtiments se rangèrent en ligne de bataille — ce qui indiquait une singulière audace de leur part.

« Vont-ils donc attaquer ? s’écria le capitaine Todros, qui s’était placé sur le banc de quart près du commandant.

— Attaquer… ou se défendre ? répliqua Henry d’Albaret, assez surpris de cette attitude des pirates.

— Par le diable, je me serais plutôt attendu à voir ces coquins s’enfuir à toutes voiles !

— Qu’ils résistent, au contraire, capitaine Todros ! Qu’ils attaquent même ! S’ils prenaient la fuite, quelques-uns parviendraient sans doute à nous échapper ! Faites faire le branle-bas de combat ! »

Les ordres du commandant s’exécutèrent aussitôt. Dans la batterie, les canons furent chargés et amorcés, les projectiles placés à la portée des servants. Sur le pont, on mit les caronades en état de servir, et l’on distribua les armes, mousquets, pistolets, sabres et haches d’abordage. Les gabiers étaient parés pour la manœuvre, aussi bien en prévision d’un combat sur place que d’une chasse à