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l’archipel en feu.

« Ah ! s’écria le capitaine Todros, je serais vraiment curieux de me rencontrer face à face avec ce coquin-là, qui me semble quelque peu légendaire ! Cela me prouverait du moins qu’il existe !

— Mettez-vous donc son existence en doute ? demanda vivement Henry d’Albaret.

— Sur ma parole, mon commandant, répondit Todros, si vous voulez avoir mon opinion, je ne crois guère à ce Sacratif, et je ne sache pas que personne puisse se vanter de l’avoir jamais vu ! Peut-être est-ce un nom de guerre que prennent tour à tour ces chefs de pirates ! Voyez-vous, j’estime que plus d’un s’est déjà balancé, sous ce nom, au bout d’une vergue de misaine ! Peu importe, d’ailleurs ! Le principal était que ces gueux fussent pendus, et ils l’ont été !

— Après tout, ce que vous dites là est possible, capitaine Todros, répondit Henry d’Albaret, et cela expliquerait le don d’ubiquité dont ce Sacratif semble jouir !

— Vous avez raison, mon commandant, ajouta un des officiers français. Si Sacratif a été vu, comme on le prétend, sur divers points à la fois et au même jour, c’est que ce nom est pris simultanément par plusieurs des chefs de ces écumeurs !

— Et s’ils le prennent, c’est pour mieux dépister les honnêtes gens qui leur donnent la chasse ! ré-